Menu
Divers

Coronavirus et attestation de déplacement dérogatoire

Coronavirus et attestation de déplacement dérogatoire

C’est rare que One Gear réagisse à l’actualité. Mais la situation du moment est trop préoccupante pour ne pas le faire, surtout quand on sait que la vague (et ses nombreux morts) n’est pas encore arrivée. Les mots du Président français n’étaient pas vraiment exagérés, quand on voit les ravages du coronavirus en Italie. Et la semaine prochaine, nous serons peut-être aux mêmes chiffres ailleurs en Europe, surtout si les incivilités (et les idioties) perdurent.

En effet, globalement, la communauté cycliste s’est montrée plutôt indisciplinée depuis le début du confinement en France, mardi à 12h00. Évidemment, les cyclistes ne sont pas les seuls, mais One Gear n’est pas le lieu pour parler d’autres choses que de vélo. Alors concentrons nous quelques minutes sur nos comportements de cyclistes passionnés et confinés.

L’attestation de déplacement dérogatoire

Comme beaucoup, à peine le discours de M. Macron terminé, j’ai cherché l’attestation de déplacement dérogatoire découlant du décret du 16 mars à propos de la crise du coronavirus. Elle donne l’impression d’avoir été rédigé par un stagiaire et on y lit que sont autorisés les :

déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, […]

Comme beaucoup de sportifs, j’ai lu de travers ce paragraphe, alors que la gravité de la situation ne faisait que m’effleurer. Tout égoïste que j’étais sur le moment, j’étais rassuré. Même si le gouvernement me demande de rester chez moi autant que possible, ce paragraphe mal interprété me donnait l’illusion de pouvoir sortir en selle 2 à 3h de temps à autre.

Sauf que non, ce n’est pas ça, le confinement et l’arrêt de la progression d’un virus. Une sortie trop prolongée me ferait prendre des risques pour moi-même, mais aussi à l’ensemble de la société. En effet, en cas d’accident, si bénin soit-il, les professionnels de santé devraient se divertir de leur cible majeure du moment : le coronavirus. Non seulement je leur ferais perdre un temps précieux, mais je deviendrais un sujet à risque, potentiellement porteur du virus. Et je rentrerais à la maison avec, prêt à contaminer mon entourage. Virus : 1 – Moi : 0.

“Oui, mais moi, je ne tombe jamais.” Quand bien même ! Qui peut garantir qu’au cours d’une sortie, il ne va pas toucher une surface contaminée, ou rencontrer une personne contaminée ? Au final, le résultat est le même, le risque pris est trop important. Pas pour soi-même, mais bien pour l’ensemble de la société, à commencer par nos concitoyens soignants, qui sont, eux, réellement à la guerre.

Ce qu’il fallait vraiment comprendre

Après une nuit de sommeil un peu troublée et une tasse de café fort, j’avais l’esprit moins aveuglé par notre passion dévorante. Je ne suis pas sorti de la journée, j’ai fait le deuil de la sortie à vélo à laquelle je pensais la veille. Mais j’ai vu Strava se remplir d’encore beaucoup de sorties trop longues (et j’en vois encore au travers de différents réseaux sociaux). En fin de journée, la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, s’est exprimée au micro de L’Équipe :

Ce doit être encore plus clair : les quinze jours de confinement annoncés par le Président de la République doivent être respectés à la lettre par tous les citoyens, y compris les sportifs amateurs ou professionnels.

[…]

Rester chez soi, ça veut dire rester chez soi. Faire une activité physique, ça veut dire sortir près de chez soi pour se dégourdir les jambes, dans sa cellule familiale et réduire la durée de ces sorties pour pouvoir rentrer très vite chez soi.

Roxana Maracineanu

Depuis, la Fédération Française de Cyclisme s’est aussi exprimée dans un communiqué rendant le propos de Mme la Ministre d’autant plus compréhensible pour notre communauté à deux roues :

[…] l’activité physique individuelle des personnes ne peut se pratiquer qu’à proximité du domicile et dans un temps assez limité. De ce fait, la pratique du sport cycliste communément admise, n’entre pas dans les conditions prévues au décret et constitue donc une infraction susceptible de verbalisation.

En effet, ces conditions de proximité et de temps court sont antinomiques avec les notions d’entraînement du sport cycliste basées sur des notions de distance et de temps long. Toute pratique du sport cycliste, même individuelle, doit donc être momentanément proscrite.

Fédération Française de Cyclisme.

Depuis le début de cette crise, le Ministère des Sports échange avec les citoyens grâce à Twitter, notamment. Hier encore, le Ministère a rappelé qu’il est interdit de faire du vélo au titre du simple exercice physique. Et il a aussi précisé que l’éloignement du domicile, autant en distance qu’en durée, va à l’encontre du confinement :

C’est clair, cette fois ?

Comment faire du vélo, alors ?

Si vous travaillez encore (et pas chez vous, en télétravail), vous pouvez vous déplacer à vélo, a priori. De même, si vous allez faire vos courses de première nécessité, vous pouvez encore utiliser un vélo. Attention tout de même à l’accident bête. Les pompiers et services de santé n’ont pas besoin de patients supplémentaires, alors que certains services sont déjà submergés par les cas de coronavirus.

Pour l’activité physique et sportive en dehors de votre domicile, si la lecture de cet article n’est pas suffisamment claire, vous oubliez le vélo pour le moment. Cantonnez vous à la marche et au jogging, en respectant les consignes données par le Ministère. Vous pouvez réaliser ces sorties uniquement seul(e) ou avec des membres de votre cellule familiale. Oubliez la sortie entre copains, complètement contraire au confinement et donc au blocage de la circulation du virus.

Home trainer et singlespeed
Photo : Simon Kirscher

Cela dit, si vous disposez d’un home trainer ou de rouleaux, vous pouvez évidemment vous en servir à domicile. Vous trouverez une quantité impressionnante de tutoriels en ligne sur l’utilisation de ces appareils. Et si vous avez un modèle connecté, l’expérience n’en sera que plus plaisante, moyennant un abonnement auprès de services comme Zwift.

Enfin, si aucune solution citée n’est faisable dans votre cas, profitez en pour ouvrir votre champ de pratique sportive. Qui n’a pas besoin d’un peu de renforcement musculaire ou de travail cardio-vasculaire ? À vous les séances de squats, de corde à sauter, d’abdominaux, pompes, etc. Ou si vous avez des traumatismes réguliers, la période est propice pour se lancer dans des séances de yoga. N’hésitez pas à pratiquer plusieurs fois par jour, même si ce n’est que quelques minutes à chaque fois. Votre corps et votre esprit vous remercieront !

Pour finir, comme les professionnels de santé ne cessent de le répéter :

Sauvez des vies, restez chez vous !

PS : Au travers des réseaux sociaux, certains ont déjà annoncé des évènements, une fois la crise terminée (surveillez la page agenda). Restez chez vous pour le moment, vous trouverez forcément une raison d’en sortir plus tard !